PONT DES ARTS ou PONT DESERT

Accrochés insolemment au grillage du pont des Arts (Paris), des milliers de cadenas attisent les tensions communautaires de chaque côté du pont.

Gravés aux initiales de leurs auteurs, ces objets scintillants sont l'expression de leurs amours irradiants et inoxydables.

Les uns y croient dur comme fer, les autres restent de marbre, donnant lieu à un face à face insoutenable, tout comme le poids des cadenas menaçant l'édifice.

Or donc, à ma (rive) gauche, les tenants du "c'était mieux avant ". Ils sont bien décidés à nettoyer les écuries d'Augias, quitte à y déloger Cupidon. Voire même à rétablir si nécessaire le droit de péage en vigueur au XIX ème pour figer cette procession metallique de témoignages affectifs.

Parmi eux, certains prétendent d'ailleurs que lesdits témoignages sont obseines et surtout obsolètes, une bonne partie de leurs auteurs ayant rompu depuis la gravure de leurs initiales.

A ma (rive) droite , les éternels abonnés au "love padlocks" et les touristes éphémères qui considérent le pont comme un mur facebook à ciel ouvert, leur ouvrant le droit de poster librement leurs sentiments.

Tous ces amoureux bohême étant suivis de près par les marchands du Temple, à savoir des marques mi ange - mi démon venant tourner leurs spot de pub pour la St Valentin. Sans oublier les vendeurs à sauvette écoulant sur place lesdits cadenas à prix d'or ( on sait que l'amour n'a pas de prix…).

La Mairie s'inquiète déjà de la contagion du phénomène qui pourrait affecter l'édifice le plus élévé de la capitale, particulièrement idoine pour y accrocher des cadenas! Même Joe Cocker y est allé de son soutien à la rive Gauche, en chantant  "Unchained my heart", mais las, ce fut sans effet!

Mais que Fer ?

Comme le chantait Cabrel "Déverrouillons les portes des conversations", ouvrons celles des négociations et surtout créons des Ponts, pas des Murs.

crédit photo : © Jborme

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